Périples et récits

J14 - Là, ici, maintenant, où ?

Version originale : Anne-Marie André

Mike Lazarev, Fragile
Tarshito, Fleeting Forest
Mike Lazarev, All I've said

Ce texte est présenté sur deux fonds musicaux distincts.
Expressions de nuances différentes à l'écoute et au ressenti.
Seconde version musicale du même récit


Hans Zimmer, Lisa Gerrard.
Elsyium ; Honor Him ; Now We Are Free

Là, ici, maintenant, où ?

Sous la toile tendue et fendue
Sous le regard étoilé et caché par la brume du temps
Sous le sourire à peine dessiné
Sous le souffle retenu

Un espace où le doute s’est insinué
Un lieu familier devenu étranger
Une maison aux portes closes
Aux fenêtres entrouvertes sur fond de liberté

Sous la toile craquelée et douce
Sous les larmes qui s’écoulent sans raison
Sous la carapace fissurée des années
Sous l’essoufflement de la joie fanée

Une vie foulée de mille curiosités
Traversée de toutes les passions pour la beauté
Celle de l’autre, sous ses cicatrices
Celle d’un tableau dont la clarté dérobe la nuit.
Celle d’une musique qui l’emporte
Dans un monde qu’elle ne peut nommer
Parce que c’est lui qui l’habite.

Sous les sourires qui s’effacent
Sous les regards qui s’évanouissent
Entre cette personne assise dans un train
Et celle qui s’est échappée
et s’en va vers l’inconnu.

Terre chaude s’effritant sous ses pieds hésitants
Senteurs subtiles effleurant ses désirs oubliés.
Elle s’efface dans ce demain si dense de toute une vie
Dans laquelle elle se dirige à l’aveugle.

Sous cette impression de présence
Une absence, une tristesse, un essoufflement
Un départ pour… elle ne sait quelle arrivée.
Ni questions, ni réponses.
Une musique pour paroles
Des mots absents pour toute mélodie.

Elle esquisse un sourire pour atténuer l’ombre
Saisit l’élan au cœur du coeur
Prend la main de la petite fille perdue
Et l’accompagne sans connaître le chemin.
Les années ont rendu les modes d’emploi illisibles.
Sur la toile temporelle, dépliée, étalée, rugueuse
Seules quelques traces de faufilure arrachée.

A contre courant elle avance
Le doute ne saurait endiguer sa vigueur
Les vents la saisissent, la redressent
Elle absorbe les courants, se gonfle
Et traverse la tourmente
Comme un voilier qui fend la tempête.

Une indicible rumeur traverse le rempart de ses doutes
Elle relève la tête, perçoit une lueur.

Si elle ignore le sens de ce voyage
Elle renoue avec le chantier des jours
Ne sait faire autrement.
Elle capitule, acquiesce.
Si ce n’est la fin,
C’est peut-être le début de quelque chose
Dont elle ignore tout.

Anne-Marie André
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