Le voyage inutilement essentiel

Surgie d’un temps lointain
Une musique fend la nuit
S’approprie le souffle ténu
De mes déserts ensommeillés.
Me surprend au détour de l’oubli.

D’un clic sur mon ordinateur
Elle s’éveille et m’éveille.
Mythique,
Elle se déverse dans mes écouteurs
Ses vibrations me transportent
Dans la trouée du temps.

J’ai 20 ans.
Soudainement.

Captive alors de ces musiques exaltantes
Je les suivais aveuglément
Leur confiais mes errements.
J’avais 20 ans.

De rythmes soutenus et de houles intérieures,
Ces partitions donnaient le ton à mes voyages.
Composaient mes rêves d’évasion.

Si la jeunesse,
Est une aventure redoutable.
Rudesse de la liberté en est le prix.

Singulière et différente de mes pairs
L’attrait de l’appartenance
Ne me faisait pas rêver.
Je préférais tourner mon regard vers l’inconnu, l’invécu.

L’école de la solitude m’a appris la route.
A déchiffrer les cartes,
A m’orienter dans les labyrinthes intérieurs.

Et voilà que ce soir,
Sans raison apparente
Ces musiques d’un autre temps
Réveillent les murmures
De ma mémoire endormie.

Ne vous êtes-vous jamais demandé
Ce qui s’émiette en vous
Quand une parole, un regard, une peinture,
Une danse, une chanson au coin de la rue
Vous fait soudain fondre d’émotion.

Comme une vague déferlant sur vos certitudes
Vibrante, impérative.
Vous arrête, bouscule vos habitudes

Ne serait-ce pas l’écho silencieux
D’une parcelle délaissée de notre histoire ?
De ce lambeau de notre territoire
Abandonné au bord de notre vie.

Même réduite au silence
Cette vie-là… n’a-t-elle pas à notre insu
Poursuivi sa propre traversée

S’abreuvant à la source qui frémit sous le chant du souffle.
Se réfugiant dans les soubassements de notre être.
Laissant aux herbes folles et sauvages
Le droit de survivre à l’amnésie.

Dans la pénombre de mon chemin,
Sous le sceau du silence et de l’oubli,
Un paysage inédit, imprévu, hors la loi
S’est tissé en cette parcelle imprenable de mon être.

Entremêlant souffles poétique,
Bouffées de créations improbables
Danses lumineuses
Rythmes envoutants !

Alors qu’à l’oubli j’en avais fait don
Ces terres exilées n’ont eu de cesse de vivre.

Ce soir, semblable à une trombe d’eau
Se jetant sur les pages de ma vie
Cette musique d’un autre temps
Ouvre une brèche
Laissant entrevoir les reflets d’une existence à réinventer.

De ma vie au présent et au passé
Je suis la même personne.
Et pourtant jamais la même.
De mes additions, soustractions, divisions et multiplications
Je suis… la somme de mes certitudes et de mes doutes.

Si j’ai commencé ce voyage inutilement essentiel
Il y a fort longtemps.
J’ai compris que l’arrivée et le départ sont réunis
En terre connue et étrangère.

Pour la route je me souhaite légère.

Un fil de soie
Pour broder l’aube naissante.
Une respiration pour
Glaner le souffle et éteindre la nuit

Etre là.
Me perdre, me retrouver.
Me savoir « Je suis »

C’est si peu
C’est tellement tout.

Anne-Marie André

Pink Floyd Echoes
Overhead the albatross hangs motionless upon the air
And deep beneath the rolling waves in labyrinths of coral caves
The echo of a distant time comes willowing across the sand
And everything is green and submarine

And no one showed us to the land
And no one knows the where's or why's
But something stirs and something tries
And starts to climb towards the light
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Strangers passing in the street
By chance two separate glances meet
And I am you
And what I see is me
And do I take you by the hand
And lead you through the land
And help me understand the best I can?

And no one calls us to move on
And no one forces down our eyes
No one speaks and no one tries
No one flies around the sun
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Cloudless every day you fall
Upon my waking eyes
Inviting and inciting me to rise
And through the window in the wall
Come streaming in on sunlight wings
A million bright ambassadors of morning

And no one sings me lullabies
And no one makes me close my eyes
So I throw the windows wide
And call to you across the sky